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Au secours, tempête émotionnelle à tribord !

par | Mai 5, 2021 | Le Blog | 2 commentaires

Cela fait une douzaine d’années que j’utilise ce terme car c’est vraiment ça que j’ai l’impression de traverser lorsque les émotions de mes filles sont trop fortes… des tempêtes !

En bon capitaine du navire, j’avais espoir de maintenir le bateau à flots lorsque ces premières tempêtes sont apparues chez ma fille aînée, autour de ses 2 ans. Surtout que j’étais un capitaine qui avait déjà compilé pas mal de guides en matière de parentalité.

Que nenni ! Le bateau s’est penché plus d’une fois… et a parfois sombré sous la colère que cela déclenchait aussi chez moi. Et je ne te cache pas que cela arrive encore (mais bien moins souvent).

Ah, ça te parle tout ça ? Je me sens moins seule 🙂

Non, en fait je sais bien que nous faisons tous face aux tempêtes émotionnelles de nos enfants ou de ceux qui nous entourent. Et qu’il n’est pas facile de maintenir le navire à flots dans ces moments là.

Pourquoi ces tempêtes nous touchent tant ?

 

🌱 Parce que cela vient appuyer sur nos blessures d’enfant. Si ton entourage n’a pas accepté les tempêtes qui te traversaient, alors tout cela revient comme un boomerang lorsque ton enfant est traversé par la colère, la peur ou encore la tristesse. 

🌱 Parce que ton inconscient a stocké la manière dont les adultes qui t’entouraient se comportaient avec toi lors de ces tempêtes et que tu as tendance à reproduire la même chose puisque c’est ainsi que l’on t’a appris à faire.

Tu revis en un éclair la souffrance que tout cela engendrait chez toi. Et le fait de reproduire le comportement qui t’a fait si mal et d’en avoir conscience (ça arrive parfois sur le coup !)  peut aussi renforcer cette souffrance.

 

Envie de quelques éléments pour mieux les comprendre ?

 

Le cerveau d’un être humain n’atteint sa pleine maturité que vers 25 ans (voire un peu plus). Ce n’est qu’à partir de 6/7 ans que les connexions neuronales entre l’amygdale (siège des émotions les plus fortes) et le cortex préfrontal, qui permet de prendre du recul et de se raisonner pour travers une émotion, commencent à se former. Et ce travail va durer de très nombreuses années.

Tu l’auras compris, il est impossible pour un enfant de moins de 7 ans de se « raisonner » pour traverser une émotion intense. Oui, je suis bien d’accord avec toi, il faudrait en faire une brève aux infos nationales histoire que la prochaine fois que cela arrivera à ta fille au parc ou à ton fils dans les rayons d’un magasin tu ne ressentes pas une multitude de regards pesants voire accusateurs pointant sur toi (damned, encore une maman qui ne sait pas se faire obéir – oui j’utilise ce terme que d’habitude je bannis pour me mettre au niveau de ceux qui se feraient cette réflexion) !

Une é-motion est un mouvement vers l’extérieur. Cela fait du bruit et c’est normal ! 

Il y a 3 temps dans une émotion.

🌱 La charge, avec la sécrétion et la libération d’hormones devant te permettre de faire face (ex : du cortisol en cas de peur).

🌱 La tension, avec la mobilisation du corps pour apporter la réponse appropriée (ex : la fuite, l’attaque ou le raidissement en cas de peur)

🌱 La décharge, qui va permettre le retour à l’équilibre tant corporel que psychique (ex : pleurer, crier, gesticuler..). Cette décharge est capitale pour que l’émotion ne vienne pas s’engrammer dans ton corps et ton esprit. Hors, les adultes ont souvent tendance à priver l’enfant de la possibilité de décharger.

Tu connais les petites phrases « ne pleure pas », « sois fort-e », « sois courageu-x-se » ? Je t’invite à les supprimer de ton vocabulaire lorsque tu es face à un enfant traversé par une tempête émotionnelle. Je t’invite aussi à laisser place à cette phase de décharge lorsque tu es toi-même secoué-e par une émotion 😉

Ok, ça me permet de mieux comprendre les tempêtes mais alors, que faire concrètement ?

🌱 Accompagner ton enfant pour qu’il puisse surfer sur cette vague qui le traverse – ou plutôt cette tempête, qui est d’ailleurs souvent effrayante pour lui aussi.

🌱 Lui parler calmement, accrocher son regard, pour le rassurer.

🌱 Lui proposer un contact physique  – sans le forcer, la contention que l’on prônait même en parentalité positive il y a quelques années est en fait une violence éducative -> tu aimes qu’on te force à ne plus bouger toi ? J’ai vu la fureur et la détresse dans le regard de mon aînée lorsque je l’ai pratiquée toute jeune maman que j’étais. Bien sûr, je ne vise pas ici les situations dans lesquelles ton enfant se mettrait en danger physique. 

🌱 Nommer l’émotion qui le traverse et surtout lui montrer que tu la reconnais (par la parole ou tes gestes envers lui).

Oui, c’est  bien ça… être dans l’empathie avec ton enfant. Te mettre à sa place, s’approcher de ses ressentis et l’aider à traverser tout cela.

 

Et puis, à froid, je t’invite à parler des émotions avec ton enfant. Par exemple à travers des livres ; il en existe pour tout âge. Je recommande particulièrement ceux de la maison d’édition Pour penser, notamment la série écrite par Art-Mella « Emotions : enquête et mode d’emploi » (à partir de 8/9 ans).

 

Ton enfant apprend aussi par l’exemple (merci les neurones miroirs !). Tu vois où je veux en venir ?

Oui, travaille toi aussi sur tes émotions, apprend à les reconnaître et à les traverser. Ton enfant apprendra beaucoup de toi ! La vie est mouvement ; le calme plat chez l’être humain n’existe pas (ou alors il est artificiel).

 

Oui mais si la colère monte en moi dans ces moments-là ?

Tu peux utiliser une trousse de secours virtuelle ! Une trousse qui contiendrait :

🌱 Un énorme post-it « rappel » te disant de prendre quelques grandes RESPIRATIONS (cela calme ton corps et ton esprit),

🌱 Un outil de Scan, pour que tu vois si tu es en capacité d’accompagner ton enfant dans la douceur ou si au contraire il vaut mieux t’éloigner juste le temps de te calmer – dans ces cas-là, dis-le à ton enfant :

« J’ai besoin de m’éloigner juste quelques instants le temps de retrouver du calme en moi et je reviens m’occuper de toi » (version bambin et jeune enfant, que tu dois absolument rassurer avant de t’isoler)

« J’ai besoin de m’isoler un peu le temps de retrouver mon calme » (version pré ado ou ado)

🌱 Une photo de ton enfant tout bébé ou alors lors d’un moment super joyeux passé ensemble – oui, c’est le même enfant qui est là en face de toi. Il n’est pas mauvais et il fait de son mieux ! Et oui, tu l’aimes par-dessus tout ton moussaillon… et tu vas réussir à l’aider à naviguer sur cette tempête 🙂 

🌱 Une ampoule d’auto-empathie 🙂 On a beau aimer son enfant plus que tout, ce n’est pas pour autant que l’on peut supporter tous ses comportements.

 

Ça c’est pour l’urgence. Mais ce qui va aussi t’aider, plus en profondeur et sur le long terme, c’est de prendre soin de toi en répondant à tes propres besoins. Tu l’as certainement déjà remarqué, mieux tu te sens, plus tu es en capacité d’accompagner ton enfant dans ces tempêtes émotionnelles sans que cela n’en déclenche une pour toi . Et on se sent bien lorsque nos besoins sont comblés (notamment le besoin de repos). Alors prends le temps de le faire !

 

Cher-e capitaine, tu vas y arriver, aies confiance en toi ! Et souviens-toi que dans la vie, rien n’est parfait.

N’hésite pas à partager en commentaire ton ressenti, ton expérience !

 

 

 

2 Commentaires

  1. James

    Une tempête émotionnelle n’est pas nécessairement irrationnelle. On peut soudain ‘faire du bruit’ mais de manière totalement logique (pour l’enfant ou l’adulte d’ailleurs). Ce qui ‘énerve’ et rend ‘fou’ l’adulte parent c’est qu’il semble souvent n’y avoir pas de raison à ce déferlement sonore/physique et ‘donc’ que ce comportement n’est pas légitime et respectueux du calme et de l’ordre des choses à ce moment là car cela ralentit ou stoppe net des actions définies par l’adulte parent. Il ‘faut’ alors scinder et déconnecter ‘sa’ logique adulte pour que l’événement de l’enfant ne trouble pas son appréciation de la situation et que l’on puisse analyser ‘froidement’, méthodiquement l’enchaînement qui a pu pousser son enfant à agir de la sorte. Cela n’est pas toujours facile en particulier quand on a trop rapidement posé la ou les raisons ‘évidentes’. Car on peut se tromper (surtout après un réveil brutal par exemple ou à cause de la fatigue ou de l’habitude d’un apparent ‘même’ événement).

    Réponse
    • celinefl

      Merci pour ton commentaire ! Il y a à mon sens d’ailleurs une cause bien rationnelle du point de vue de l’enfant, derrière chaque tempête mais aussi derrière chaque manifestation pour attirer l’attention de l’adulte. Un besoin non satisfait qu’il nous faut découvrir en tant qu’adulte prenant soin de l’enfant 🙂

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