Etre un enfant avec un TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec/sans Hyperactivité) ou HPI (Haut Potentiel Intellectuel), c’est signe de différences par rapport à la « norme » (c’est à dire aux caractéristiques que l’on retrouve dans la majeure partie de la population).
Ce sont des termes scientifiques voire à connotation médicale. Est-ce une bonne chose de parler ouvertement à nos enfants de leur TDAH ou de leur haut potentiel ? La question se pose…
Je te propose de voir en quoi le fait de poser clairement ces termes peut être utile à mes yeux mais également pourquoi cela peut aussi être source de souffrance.

Poser clairement les mots “TDAH” ou “HPI”, c’est utile et même nécessaire !
Je suis de ceux et celles qui considèrent qu’il est important de dire à son enfant qu’il est à Haut Potentiel Intellectuel ou qu’il a un Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité voire les deux (la fameuse “double exceptionnalité”). Tant pour lui même que vis à vis de l’entourage.
Une nécessité pour ton enfant
📌 Savoir que tu es TDAH ou HPI, cela permet de mettre des mots sur les différences que tu peux ressentir au contact des autres. De très nombreux enfants, ado et même adultes qui découvrent leurs particularités verbalisent leur soulagement de comprendre enfin pourquoi ils se sentent différents des autres, en décalage. Pourquoi même peut-être ils n’arrivent pas à se faire des amis, se sentent si “bêtes” dans des situations sociales somme toutes banales.
Plus ton enfant sera grand, plus il y a de chances que cela raisonne en lui.
Ce qui compte, ce n’est pas tant le terme (qui prête d’ailleurs à confusion comme on le verra plus tard) mais plutôt l’explication de ce que cela recouvre. Le professionnel qui fait passer les tests devraient déjà poser les choses au regard des résultats du test mais ce n’est malheureusement pas toujours le cas. A toi de te renseigner et d’expliquer cela à ton enfant, de partager avec lui, d’écouter ses questions, ses doutes etc.. et d’y revenir en tant que de besoin.
📌 C’est important aussi pour apprendre à mieux se connaître. Car ton enfant a des particularités, plus ou moins faciles à appréhender.
Par exemple, une personne TDAH aura malheureusement plus de risques d’addictions notamment à l’adolescence (addiction à la cigarette, à l’alcool, aux jeux, au sexe…). Pourquoi ? Parce que cela permet de libérer de la dopamine et de la noradrénaline, que cela va leur permettre d’atteindre un niveau de calme bien appréciable ou encore parce que l’impulsivité s’en mêle et que celle-ci, combiné souvent à l’effet de groupe, ne permet pas de prendre le recul nécessaire.
Il est important d’évoquer ces sujets avec ton enfant, de l’informer des dangers et d’établir une relation de confiance qui lui permettra de venir t’en parler le cas échéant.
📌 Il est aussi nécessaire que ton enfant puisse travailler avec ton aide sur les fonctions exécutives, qui peuvent être un véritable challenge pour lui – voir mon article de blog qui évoque ces questions : https://le-metier-a-tisser.com/comprendre-le-cerveau-tdah-essentiel/
A toi de lui parler de cela et de lui proposer des outils à tester pour l’aider en terme de concentration, de planification ou encore d’organisation.
Que tu sois HPi ou TDAH, la régulation émotionnelle (ou traversée des émotions) est aussi plus compliquée que pour d’autres personnes. L’enfant HPI est une véritable éponge et ressent ce qui se passe autour de lui, les tensions comme les joies. Il a aussi un tel besoin de précision que tout ce qui n’est pas clair pourra être source de grandes frustrations.
L’enfant TDAH a un cerveau qui mature plus lentement. Son cortex préfrontal, qui permet la prise de recul et la réflexion, commencera à maturer véritablement et à se connecter peu à peu aux autres aires cérébrales qu’à partir de 8 voire 10 ans, contre 6-7 ans chez les autres enfants. Il y a aussi de la déperdition au niveaux des neurotransmetteurs, les “messagers” du cerveau. Ou encore cette impulsivité qui fait qu’il part au quart de tour. C’est un long processus d’apprentissage qui débute pour ton enfant.
📌 Et puis, il est essentiel à mes yeux de pouvoir parler librement du TDAH et du haut potentiel avec ton enfant pour souligner ses forces. Car il y en a bien sûr ! Et on a malheureusement un peu trop tendance à appuyer sur les difficultés plutôt que sur celles-ci…
Que ton enfant soit à haut potentiel intellectuel ou avec un TDAH, voire les deux, il a en lui une créativité exceptionnelle qui ne demande qu’à se développer. Et malheureusement, c’est rarement dans le milieu scolaire qu’elle va pouvoir le faire de nos jours. A toi de lui ouvrir cet espace, en respectant bien sûr ses envies.

Tu as peut-être noté d’ailleurs que de nombreux artistes ou sportifs sont TDAH et/ou à Haut Potentiel Intellectuel. Evoque avec ton ado Ariana Grande, Justin Timberlake ou encore Emma Watson 😉
Et la créativité ne se limite pas aux domaines artistiques. Les personnes TDAH ou HPI n’ont pas leur pareil pour trouver des solutions “out of the box” (littéralement “qui sortent de la boîte”). Tu l’as peut-être déjà expérimenté d’ailleurs ! Alors laisse ton enfant te proposer des solutions inédites.
Nos enfants ont aussi souvent beaucoup d’empathie et un grand sens de la justice – ce qui est d’ailleurs le déclencheur de nombreuses tempêtes émotionnelles.
Et encore bien d’autres forces à cultiver, propres à chacun-e. Alors aide ton enfant à voir ses forces, en prendre conscience et les développer toujours plus.
Quelque chose d’indispensable aussi vis à vis des autres
📌 Pas d’adaptation du système scolaire sans diagnostic… ou alors rarement, à l’initiative de quelques enseignants réussissant miraculeusement à prendre en compte les particularités de leurs élèves malgré un manque cruel de moyens.
Et encore, même avec un diagnostic posé, c’est souvent un parcours du combattant pour permettre à ton enfant d’avoir une scolarité à peu près “normale”. La loi “inclusion” de 2005 prévoit pourtant des dispositifs à mettre en place mais le manque de moyens et la réticence de certains rend les choses bien compliquées.
Le diagnostic de TDAH ou de haut potentiel, c’est le sésame pour que le médecin scolaire accepte la mise en place d’un plan d’accueil particulier (PAP), d’un plan d’accueil individualisé (PAI) ou encore de mesures d’aménagements pour les examens tels qu’un “tiers temps” par exemple.
📌 Pas d’aides financières non plus sans diagnostic. Et là aussi le bât blesse car un enfant TDAH ou un enfant HPI qui rencontre des difficultés a besoin de la mise en place d’un parcours coordonné plus ou moins lourd et coûteux : des séances de psychomotricité, d’orthophoniste, de psychologue, d’ergothérapie, d’ostéopathie, d’EMDR, de neurofeedback… des prises en charge qui ont un coût non négligeable.
La reconnaissance de handicap via la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) est un passage obligé, sachant que nous ne sommes pas égaux selon le département dans lequel on habite pour que cette reconnaissance soit accordée (très rare en cas de haut potentiel seul d’ailleurs). Elle ouvre droit au versement de l’Allocation d’Education de l’Enfant Handicapé (AEEH) voire de son complément.
📌 Et enfin, il me semble aussi important de communiquer sur le TDAH ou le HPI pour donner des clés de compréhension à l’entourage et à l’enfant lui-même. Avec une nuance d’importance quand même : obtenir au préalable l’accord de ton enfant sur le fait de parler de ses particularités avec l’entourage. Cela fait partie de la notion plus large de consentement.
Après le diagnostic de TDAH de ma plus jeune, il m’est souvent arrivé de verbaliser que tel ou tel comportement s’expliquait par le TDAH. Et de préciser qu’il n’était pas forcément acceptable pour autant ! Je pense que ça a aidé quand même une partie de l’entourage proche à prendre conscience que ses comportements n’étaient pas volontaires et qu’il y avait des explications, notamment physiologiques. Visionner des reportages sur le sujet a aussi pas mal aidé la famille à prendre du recul sur certains comportements.
Il y a donc de nombreux arguments qui nous poussent à parler ouvertement du TDAH et du HPI. Mais n’est-ce pas parfois source de souffrance aussi pour l’enfant – et les parents ?
Et si coller une étiquette “TDAH” ou “HPI” était source de souffrance ?
J’ai beaucoup de mal avec ce que l’on appelle les “étiquettes”. Une étiquette, cela revient à caser quelqu’un dans une case. Et quand on connaît le pouvoir des prophéties auto-réalisatrice chez l’être humain et d’autant plus chez l’enfant – qui a l’adulte pour modèle pour se construire – et bien, on se dit qu’il vaut mieux éviter ces étiquettes !
Tu aimes qu’on te dise que tu as un “trouble” ?
Cela fait un certain temps que j’écume les groupes dédiés au HPI et au TDAH sur les réseaux sociaux et cela me procure beaucoup de peine la plupart du temps tant je perçois la souffrance du parent mais surtout de l’enfant en filigrane.
Déjà, je déteste l’appellation “trouble du déficit de l’attention”. Pourquoi ?
📌 le mot “trouble” et sa connotation si négative et aussi très médicale. Sans oublier le fait que le TDAH figure encore dans la liste des maladies psychiatriques. Au secours… Cela n’est qu’une construction humaine, une décision arbitraire de définir un mode de fonctionnement du cerveau qui est différent par rapport à la “norme” (c’est à dire à la grande majorité des êtres humains).
Alors forcément, quand on pose ces mots là à un enfant et à ses parents, c’est plutôt une vision négative du futur qui se profile.
Je ne dis surtout pas que le TDAH est facile à vivre au quotidien, mais je pense sincèrement que le poser comme trouble et maladie n’aide pas à voir tout le potentiel dans nos enfants.
📌 Le soit-disant “déficit d’attention” n’en est pas un. Surprise, surprise ! Je m’explique. Ton enfant a une attention qui peut être captée par le moindre stimulus externe. Ce qui explique qu’il a du mal à sa focaliser sur quelque chose car il est “distrait” par tout ce qui se passe : un oiseau qui chante, le chien qui passe dans la pièce, le jouet qui traîne devant lui – et l’attire – alors qu’il était parti prendre sa douche, etc.
En revanche, et tu l’as certainement constaté, ton enfant peut rester concentré des heures sur un sujet qui le passionne ! Il a une capacité d’hyper-focalisation.
Ce qui a d’ailleurs pour conséquence très négative de dire que lorsqu’il n’est pas concentré sur un sujet qui lui est imposé, il le fait exprès : paresseux, provocateur, manipulateur… c’est la porte ouverte à toute sorte de qualificatifs et d’étiquettes qui vont détruire l’estime de soi de ton enfant.
Ha, si j’en avais le pouvoir, je rebaptiserais le TDA en “particularité attentionnelle” ! Tiens, tu sais quoi ? Après tout, j’en ai le pouvoir dans ma sphère alors c’est parti… je vais te parler beaucoup plus souvent de “particularité attentionnelle”.
Dans la sphère du TDAH on a aussi le fameux TOP ou Trouble de l’Opposition avec Provocation. Qu’on soit bien clair, je ne nie pas son existence et sa reconnaissance médicale et je sais à quel point il peut être difficile en tant que parent de vivre cela. Je pense sincèrement que l’une de mes filles a tous les traits du TOP mais je n’ai pas souhaité me lancer dans un diagnostic sur ce plan.
Ce qui m’interpelle, c’est que le fait de parler de TOP enferme l’enfant dans ces comportements. On en revient à la prophétie auto-réalisatrice et au fait que l’enfant croit ce que l’adulte dit de lui (il n’a pas la maturité cérébrale nécessaire pour remettre cela en cause). L’enfant dont on dit qu’il est dans l’opposition constante et provoque l’adulte va… le faire en permanence pour bien se conformer à ce qu’il pense qu’on attend de lui – puisqu’on le lui dit !
Si cela concerne ton enfant, je t’invite à lui dire qu’il s’agit d’un diagnostic médical qui est posé à mais que cela ne le définit pas en tant que tel. Et puis, que dans la vie on peut toujours changer les choses et que vous allez voir ensemble comment sortir de cette opposition et de la provocation fréquente, qui est difficile à vivre pour vous 2 – si, si, je t’assure que ton enfant ne tire aucun plaisir à se comporter ainsi et que cela le secoue émotionnellement.
Si toi aussi tu arrives à te dégager de ce diagnostic de TOP et que tu décides de voir ton enfant différemment, tu auras fait le premier pas vers un très grand changement dans la relation.
De la difficulté d’être à Haut Potentiel Intellectuel
Le contexte est un peu différent pour les personnes et notamment les enfants à Haut potentiel intellectuel mais on n’en revient toujours à cette histoire d’étiquette.
L’enfant à haut potentiel intellectuel peut développer un sentiment de supériorité selon la façon dont on lui définit le haut potentiel. Effectivement, il fait partie des 2,5% de la population qui ont un QI au-delà de 130. Et cela lui ouvre de grands horizons et une richesse intellectuelle sans bornes. Mais le HPI ce n’est pas qu’un chiffre. C’est bien plus que cela : un mode de pensée différent, une sensibilité particulière, un sens de la justice, beaucoup d’empathie, etc...
Ce sentiment de supériorité peut d’ailleurs être très mal ressenti par ses pairs. Et se cumuler avec le sentiment de différence déjà présent et renforcer la difficulté parfois à se faire des amis, à s’intégrer dans un groupe.
Je conseille de parler à son enfant de ses capacités exceptionnelles, certes, mais peut-être de les présenter sous l’angle de la neurodiversité : la diversité des cerveaux humains et le fait que le monde a un réel besoin de ces cerveaux tous différents !
Et puis de sortir de l’étiquette : “HPI = réussite scolaire et excellence” car ce n’est pas le cas de tous, loin de là. Si de nombreux HPI se fondent dans la masse dans le système scolaire et sont d’ailleurs rarement diagnostiqués sauf à rencontrer des problèmes de mal-être, il y a en a aussi beaucoup pour qui la scolarité va être compliquée. Voire qui seront en phobie ou encore en “décrochage” scolaire.
C’est d’ailleurs un aspect du HPI qui est méconnu de la majeure partie du corps enseignant, dont une grande partie pense encore trop souvent à tort que chaque parent veut croire que son enfant est un génie. Alors que la réalité est bien plus complexe que cela.
Ton enfant est unique !
Au-delà des diagnostics et de ce que la découverte du TDAH et du HPI recouvrent, regarde ton enfant tel qu’il est, avec ses particularités. Ne l’enferme pas dans une étiquette.
Voilà, j’ai posé mes réflexions sur le sujet. Avant de te laisser me dire en commentaire ce que toi, tu en penses, j’ai envie de conclure sur ce qui me tient le plus à coeur sur cette question.
🌱 J’ai sondé mes filles sur ce que le fait de dire qu’elles sont HPI et TDAH entraînait pour elles, même si j’avais ma petite idée sur leurs avis sur la question.
L’une d’elle se fiche totalement du fait qu’on dise qu’elle est HPI et TDAH. L’autre n’aime pas qu’on en parle et rares sont les ami-e-s qui sont au courant.
🌱 Et finalement, ce qui compte le plus, c’est que chaque enfant, qu’il soit TDAH, HPI ou qu’il ait une autre particularité est un être à part entière, un être totalement unique. Et je t’invite à te focaliser là-dessus et à découvrir ton enfant tel qu’il est et non par rapport à des diagnostics, même si cela peut nous aider par moments.
🌱 On peut même se poser la question du diagnostic tout court : se lancer ou pas ? Je fais partie de la team qui pense que oui. J’ai fait ce choix pour ma fille aînée au moment où j’ai senti qu’elle n’était plus bien dans ses baskets. Lorsqu’un enfant est détecté HPI, je conseille aussi par la suite de faire tester ses frères et soeurs car il s’avère la plupart du temps que tous sont concernés (cela s’est même vérifié à 100% dans mon entourage). Pour le TDAH, c’est différent car la prévalence est moindre mais il faut à mon sens être vigilante et ne pas hésiter à faire tester le frère ou la soeur si l’on voit qu’il y a aussi des particularités.
Pour ma part, le diagnostic de ma fille aînée et la découverte du haut potentiel qui s’en est suivie m’a beaucoup ébranlée car j’avais l’impression de mettre enfin des mots sur beaucoup de choses que j’avais vécues enfant, ado puis jeune adulte. Et dire que je me croyais vraiment stupide quand je ne comprenais pas la façon dont les choses étaient abordées en réunion. Je peux te dire que j’avais un sacré syndrome de l’imposteur pas très facile à vivre. J’ai finalement sauté le pas et me suis faite testée à 44 ans. Cela m’a soulagée d’être enfin fixée et cela m’a aussi donné des pistes d’évolution et confortée dans l’idée de me lancer dans l’auto-entrepreunariat.
🌱 Et toi, quelle est ton histoire et celle de tes enfants par rapport à tout cela ?
N’hésite pas à partager en commentaire ce que cela t’inspire ou à m’envoyer un mail à celine@le-metier-a-tisser.com
A bientôt !
Céline FL
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