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Punitions « non-violentes »

par | Juil 25, 2022 | Le Blog | 0 commentaires

Il y a quelques jours, “La Maison des Maternelles” diffusait une interview d’une psychologue spécialisée pour les enfants et adolescents, afin de présenter son podcast et de parler plus particulièrement du thème des étiquettes chez l’enfant.

Psychologue, chercheuse et enseignante au sein de plusieurs établissements, elle a une fois de plus vivement critiqué l’éducation dite positive telle que véhiculée en France. Elle a également prôné la pose de limites éducatives via le recours aux “punitions non-violentes”.

Il y a de nombreuses choses qui me choquent dans le discours de cette personne, dont j’ai écouté plusieurs épisodes de podcast. Comme par exemple le fait que l’on devrait apprendre à un enfant à gérer la frustration à partir de l’âge d’un an. Une aberration quand on s’intéresse un tant soit peu au développement de l’enfant et aux avancées de la connaissance de ce domaine.

Ses propos sont justifiés par l’idéologie freudienne, vieille d’un siècle, malheureusement encore enseignée en France alors qu’elle a disparu des études de psychologie et psychiatrie dans la plupart des pays.

Ces écoutes ont provoqué en moi le désir de réagir via un billet de blog (d’autant que cela fait longtemps que je n’ai pas écrit !). Et ce sont deux thèmes intimement liés que je vais aborder : une punition peut-elle être non violente ? La parentalité “positive” exclut-elle la notion de cadre et de limites éducatives ?

Si au préalable tu souhaites visionner l’extrait de l’émission dont je te parle dans ce billet, tu n’as qu’à suivre ce lien : https://youtu.be/v903mXEqI7w

Quant à moi, je retourne de ce pas à mes amours premières et reprend mes réflexes de juristes pour vérifier les propos de cette psychologue et me prononcer sur leur interprétation.

C’est parti !

 

La punition non-violente, ça existe ?

 

Je te propose d’abord un petit point lexical et pour cela, je sors mes dictionnaires. Oui, je sais, c’est très scolaire mais aussi très instructif de revenir au vocabulaire quand on parle d’un sujet. D’autant plus que nous avons la chance d’avoir une langue particulièrement riche et toute en nuances.

🌱 La punition est définie par “Le Robert” comme “ce que l’on fait subir à l’auteur d’une faute” ou encore par le Larousse comme étant “l’action de punir, d’infliger un châtiment, une peine.”

🌱 La violence est quant à elle définie par le Larousse comme la “Contrainte, physique ou morale, exercée sur une personne en vue de l’inciter à réaliser un acte déterminé.”

🌱 La non-violence est un “ principe de conduite en vertu duquel on renonce à la violence comme moyen d’action, en politique ou dans d’autres domaines”.

La non-violence s’applique donc, entre autres, à l’éducation, et je te propose de retenir qu’elle consiste dans ce cadre à ne pas utiliser la contrainte, physique ou morale, sur une personne pour l’inciter à réaliser un acte déterminé. Cette personne étant en l’occurence l’enfant.

Punition non-violente… voyons ce dont il est question dans l’émission de la Maison des Maternelles. La psychologue invitée a pris l’exemple du supermarché et de sa manière de gérer tout début de crise d’un enfant – pour le plus grand plaisir des journalistes soit dit en passant.

Elle expliquait qu’en pareil cas, elle a toujours dit à l’enfant “si tu ne t’arrêtes pas tout de suite de crier, tu seras puni en rentrant à la maison (…) dans ta chambre.” Il est là fait référence au célèbre “time-out”, mesure éducative phare de cette psychologue et dont je t’ai déjà parlé dans un précédent billet que tu peux consulter par ici : https://le-metier-a-tisser.com/a-bas-le-time-out-enfant-tdah/

Je pense que tu seras d’accord avec moi pour dire que ces propos constituent une menace adressée à l’enfant.

🌱 La menace est en effet une “parole, (un) comportement par lesquels on indique à quelqu’un qu’on a l’intention de lui nuire, de lui faire du mal, de le contraindre à agir contre son gré” (Larousse). Aparté : promis, j’en ai fini avec les définitions ; je range mes dictionnaires 😅

Et oui, l’enfant va devoir arrêter de réclamer ce dont il a envie et de crier, donc d’agir comme il le souhaite ou plutôt comme il en a besoin (d’un point de vue émotionnel et physiologique dans l’exemple du supermarché).

Et forcer quelqu’un à agir contre son gré en le menaçant, ce n’est ni plus ni moins de la violence. Je pense que tu seras d’accord avec moi sur cette affirmation.

Donc non seulement il y a bien violence contre l’enfant dès le stade de la menace mais cette violence se poursuivra aussi avec la mise en oeuvre de la punition. Car isoler l’enfant dans sa chambre sans lui apporter l’écoute dont il a besoin alors qu’il est aux prises avec ses sentiments, c’est violent !

 

punition non violente

Au delà de ça, et bien que les neurosciences soient souvent qualifiées de “bullshit” au regard des théories freudiennes datant d’il y a un siècle par de nombreux experts ès psychologie, la punition a des effets que l’on sait aujourd’hui être délétères.

Et ces conséquences sont bien là, que la punition consiste en un châtiment corporel ou soit psychologique (menace, chantage, propos insultant ou dégradants et j’en passe). De récentes études l’ont prouvé grâce à l’imagerie médicale (IRM) : ce sont les mêmes zones du cerveau qui s’activent en cas de coups et en cas de violences psychologiques.

NB : tu m’excuseras mon manque de preuve scientifique sur ce coup là mais je n’arrive pas à remettre la main sur cette étude au moment où j’écris ce billet – je te propose simplement de me faire confiance.

Quelle sera la réaction de l’enfant face à la punition ? Il va basculer en mode protection ou pour être plus précise, son cerveau va le faire basculer en mode “survie”. Tout se joue en une fraction de seconde puisque les neurotransmetteurs, des petits messagers chimiques, vont vite mobiliser tout le corps et l’esprit pour répondre à l’ordre émanant du grand chef cérébral.

Alors c’est vrai, la punition va être efficace dans l’immédiat puisque l’enfant se pliera à ce que l’adulte lui demande. La tentation est grande d’en déduire que la punition est le remède miracle à distiller à tous les parents (d’enfants jeunes… ?). C’est d’ailleurs souvent sur cette preuve par l’exemple que s’appuient de nombreux adultes.

Sauf que ce n’est pas pour autant que l’enfant ne souffre pas sur le moment. Il doit faire preuve d’une adaptation par la peur, pour s’exécuter face à ce que dit l’adulte et ne pas perdre son amour.

Et puis, au fil du temps, l’enfant se “blinde”. D’où les fameux “même pas mal” au énième coup ou le “je m’en fiche” à la énième parole blessante.

 

Un coup de canif a aussi été sérieusement donné dans la construction de l’estime de soi de l’enfant. Et dans la relation, celle que tu établis patiemment avec ton enfant depuis sa naissance (ou depuis que tu l’as comme élève…).

Les capacités cognitives de l’enfant finiront également par lui permettre de trouver ces punitions injustes et de se révolter contre celui qui les inflige, cassant ainsi la relation de confiance pourtant primordiale à l’adolescence. 

Le recours à la punition présente aussi le risque non négligeable d’escalade dans la violence. Que fait-on le jour où l’enfant ne se plie pas à cette punition. Le jour où cette menace ne lui fait plus peur ? Nombre de parents pris dans ce piège de l’autorité à imposer coûte que coûte peuvent alors perdre tout sang froid et devenir de plus en plus violents.

Enfin, qui n’a jamais profité de l’absence de vigilance d’un parent pour reproduire un comportement interdit et échapper à la punition ? L’enfant sous menace ou victime de trop d’interdictions devient très fort à ce petit jeu.

Ne te méprends pas, l’objet de mon billet n’est absolument pas de te faire culpabiliser si toi aussi tu as eu recours à la violence envers ton enfant, volontairement ou non, régulièrement ou ponctuellement. Mais bien de démontrer à quel point prôner la menace et l’isolement et plus largement toute mesure éducative violente est néfaste pour l’enfant. Et, pourquoi pas, de te donner encore un peu plus l’envie d’en sortir si elle n’est pas déjà présente.

Oui mais alors, on fait comment en tant que parent ?

Dans l’exemple du supermarché – si tu n’as pas d’autre choix que d’emmener ton enfant dans cet espace de sursimulation – tu peux demander à ton enfant de cesser de crier et lui dire qu’il ne peut pas avoir l’objet de son éventuelle convoitise. Puis tu accueilles sa frustration.

supermarché émotions enfants crise

Plus il va grandir, plus il sera en capacité de se raisonner et de vivre cela de mieux en mieux. Et, cerise sur le gâteau, il aura beaucoup moins de risque de se laisser tenter par tout ce qu’il voudra quand il sera adulte car il aura appris par lui même à gérer la frustration de ne pas pouvoir s’offrir… je ne sais pas moi, une Ferrari ?

Patience… ton enfant grandit et son cerveau se développe de plus en plus, lui donnant peu à peu la capacité de sortir de l’immédiateté de ses besoins et de prendre le recul nécessaire à la régulation de ses émotions.

Tout cela il va également l’apprendre grâce à l’exemple que tu constitues pour lui depuis toujours et grâce au cadre dans lequel il va évoluer au sein de la famille.

Ce qui m’amène au second point soulevé par la psychologue : la supposée absence de limites éducatives dans la parentalité positive… Mais ce billet commençait à être un peu long et mon but n’est pas de te perdre en route. Alors la suite est à venir dans le prochain billet !

 

TO BE CONTINUED ⏳

D’ici là, prends soin de toi <3

Et n’hésite pas à partager en commentaire ton ressenti, ton expérience, tes engagements !

 

 

 

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