Atypique, neuroatypique, neurotypique, neurodivergent, neurodiversité… quels drôles de termes pour parler d’un enfant (ou d’un adulte d’ailleurs) !
Mais c’est quoi au juste ?
Cette semaine j’ai été invitée par ma collègue Céline de “Petites Graines d’Amour” à partager avec elle lors d’un live sur son compte Instagram sur le thème “parentalité et neuroatypisme ».
Et cela m’a donné envie de prendre ma plume pour te parler de ce sujet, qui me tient beaucoup à coeur puisqu’il fait partie de mon quotidien.

Mais qu’est-ce qu’un enfant neuroatypique ?
Et bien, je n’ai pas trouvé à ce jour de définition scientifique du terme “neuroatypisme”. Il ressort de mes recherches passées que c’est un terme, utilisé plutôt dans le langage commun, pour définir des enfants (mais aussi des adultes) qui ont un fonctionnement neurologique qui diffère de la majorité des gens.
Il s’agit donc des enfants présentant un “trouble du neuro-développement”, c’est à dire une affection qui apparaît pendant la période de développement de l’enfant – et qui peut (ou non) perdurer à l’âge adulte. On utilise aussi le terme de “neurodivergents”.
Les troubles les plus connus sont :
- le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) – environ 5% des enfants en France,
- le Trouble du Spectre Autistique (TSA),
- les troubles DYS (dyslexie, dysorthographie, dysphasie, dyscalculie, dyspraxie..) – entre 5 et 10% d’enfants concernés,
mais je précise que cette liste ne se veut pas exhaustive. Et puis un même enfant peut “cumuler” plusieurs troubles, ce n’est pas si rare.
Pour plus d’information sur ce point, tu peux consulter la Recommandation de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur les Troubles du neuro-développement – Repérage et orientation des enfants à risque : https://www.has-sante.fr/jcms/p_3161334/fr/troubles-du-neurodeveloppement-reperage-et-orientation-des-enfants-a-risque
A noter que le terme d’enfant atypique est également utilisé pour parler des enfants détectés à Haut Potentiel Intellectuel (HPI), qui sont des enfants ayant un fonctionnement intellectuel différent mais je t’en parlerai plus en détail à l’occasion d’un prochain billet et je choisis d’axer cet article sur les enfants que l’on peut qualifier de “neurodivergents”.
La neurodivergence – maladie ou fonctionnement différent ?
Les enfants neurodivergents présentent une particularité neurologique apparue pendant la période de développement de leur système nerveux, c’est à dire durant l’enfance. Il faut rappeler que notre système nerveux est loin d’être mature à la naissance. La croissance du cerveau va se poursuivre en moyenne jusqu’à 25 ans voire quelques années de plus pour les personnes neurodiverses.
Oui, tu as bien lu… la maturité cérébrale n’est atteinte qu’après plus d’un quart de siècle d’existence ! Et ce n’est qu’à partir de 6/7 ans que le cortex préfrontal, siège notamment de la réflexion, commence à se développer et établir des connexions neuronales avec les autres aires cérébrales ! De quoi relativiser le comportement de nos enfants et ados dans bien des situations soit dit en passant.
Pour en revenir à nos enfants neurodivergents, la DSM 5, dernière édition du Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux définit les troubles neurodéveloppementaux comme un ensemble d’affections qui débutent durant la période de développement et qui se manifestent typiquement précocement, avant même l’entrée à l’école primaire.
D’après le DSM 5, ces troubles sont caractérisés par des déficits du développement qui entraînent une altération du fonctionnement personnel, social, scolaire ou professionnel. Ils sont également classifiés en fonction de l’intensité du trouble : léger, modéré ou sévère.
Mais je précise qu’il n’y a pas de profil unique d’enfants TDAH ou DYS ou TSA… plutôt des caractéristiques communes mais présentes (ou pas) à des degrés divers. Une vraie palette de particularités qui montre bien à quel point nous sommes tous différents.
A en croire la communauté scientifique, la neurodivergence serait donc une maladie mentale… Et là, je ne sais pas toi mais moi je tique sur cette qualification ! Car cette conception s’est construite autour de la définition d’une prétendue norme, basée sur des observations, et la décision prise de fixer une frontière entre normalité et anormalité. Un peu dur à entendre quand on parle de ton enfant, non ?
La neurodivergence est aussi assimilée à un handicap. C’est d’ailleurs par une reconnaissance de handicap que nombre de familles doivent passer pour pouvoir bénéficier d’aides à la prise en charge des frais médicaux et autres : consultations chez le psychologue, l’orthophoniste, l’ergothrapeute, la sophrologue, etc… Pour pouvoir prétendre aussi à des aménagements de la scolarité notamment lorsque la présence d’un-e Accompagnant-e d’Elèves en Situation de Handicap (AESH) apparaît nécessaire pour poursuivre une scolarité à peu près “normale”.
Je ne nie pas les difficultés face auxquelles tu peux te retrouver en tant que parent d’un enfant neurodivergent. J’y suis moi-même confrontée au quotidien avec mes deux filles et cela a un impact important sur nos liens et sur ma posture parentale ! Je le vis aussi depuis une dizaine d’années à travers le parcours scolaire de mes filles. Je jongle entre les PAP (Plan d’Accueil Particulier) et dispositifs d’inclusion pour l’une quand j’ai fini par faire le choix de l’Instruction en Famille pour l’autre. Là aussi, je compte bien te parler de la scolarité de ces enfants “différents” dans un prochain billet car il y a beaucoup à dire.
Toujours est-il que malgré ces difficultés inhérentes à la parentalité d’un enfant neurodivergent dans une société qui aime particulièrement la “normalité”, j’ai très envie de voir les choses autrement et de te proposer d’en faire de même !
Et si on parlait plutôt de neurodiversité ?
Le terme de neurodiversité est apparu à la fin des années 1990. On le doit à une sociologue australienne et autiste militante, Judy Singer, ainsi qu’au journaliste américain Harvey Blume, qui a introduit ce terme sur la place publique.
La neurodiversité définit la diversité des cerveaux et esprits humains, par analogie à la biodiversité. C’est un changement de paradigme, un nouveau regard porté sur l’être humain. Exit la comparaison des êtres humains en fonction de leur fonctionnement et particularités neurologiques !
La neurodiversité est un concept dit “inclusif” : elle est destinée à faire accepter tout fonctionnement cognitif et cérébral au sein de la société et reconnaître que l’Humanité est neurodiverse.
Elle permet de contester le recours à une classification des être humains selon une prétendue norme mais aussi une prise en charge médicale et/ou psychologique systématique pour permettre à la personne de s’adapter à la société en s’approchant au mieux de la “normalité”. A l’inverse, on va mettre l’accent sur les forces et les talents de chaque enfant, quel que soit son fonctionnement neurologique. Cela permet de porter un autre regard sur l’enfant et de s’attacher à créer un environnement favorable à son épanouissement, en respectant sa particularité.
Et oui, ce sont très souvent des enfants puis des adultes très créatifs ou enclins à trouver des solutions qui sortent de l’ordinaire. Des talents dont on a bien besoin dans notre Monde 🙂
Cela ne veut pas dire que toute prise en charge médicale ou psychologique doit être écartée mais à mon sens plutôt pensée en fonction de l’enfant et de ses besoins, afin de lui permettre d’évoluer le plus sereinement possible dans son environnement. Cela doit rester un choix pour l’enfant et sa famille, qui plus est évolutif selon les périodes de sa vie !
Vers une parentalité respectueuse et consciente pour mieux répondre à la neurodiversité !
Je ne sais pas toi, mais moi, j’ai vraiment envie de permettre à chaque enfant de se construire avec une identité positive, quel que soit son fonctionnement cognitif et ses particularités neurodéveloppementales.
Alors certes, il y a des “symptômes” pas toujours faciles à vivre pour les enfants neurodivergents et leurs parents mais je pense qu’on peut considérablement diminuer l’impact négatif de ces particularités en voyant les choses sous l’angle de la neurodiversité et en s’attachant à être dans une parentalité respectueuse et consciente.
🌱 Cela commence selon moi par un changement de regard sur son enfant. Oui, cela peut être très énervant de voir son enfant monté sur ressort en permanence ou être dans la lune au point de n’avoir aucune connexion avec lui malgré nos paroles… Mais c’est ton enfant et c’est sa spécificité. A toi, en tant que parent, de trouver comment mieux vivre avec.
🌱 Et pour cela, je te propose de revenir un peu à toi, de te pencher sur tes besoins et comment les remplir. C’est un défi d’être parent d’un enfant avec de telles particularités et on peut vite en arriver à l’épuisement, ces moments là où cela dérape avec notre enfant, où l’on finit par ne voir que les côtés les plus difficiles de la relation ou encore par s’effondrer.
🌱 Dis-toi aussi que ton enfant fait ce qu’il peut ! Un enfant a vraiment à coeur de faire ce que ses parents attendent de lui – dans la limite de ce qu’il a envie de faire pour être tout simplement en accord avec lui-même bien sûr ! – et surtout de ne pas leur faire de mal ou de les décevoir. Lorsque tu as cela en tête, cela peut t’aider à relativiser ce qu’il se passe.
🌱 Ces enfants sont très souvent hypersensibles. Autant te dire que l’injustice ressentie à l’occasion d’une punition ou d’un isolement – qui relèvent d’ailleurs de la violence éducative dite ordinaire – va considérablement entacher la relation que tu as avec ton enfant et notamment sa confiance en toi (sans parler des autres effets délétères de ces violences).
Je t’invite vraiment à réfléchir à la parentalité que tu souhaiterais mettre en place pour permettre l’épanouissement de ton enfant si particulier mais aussi le tien ! Il n’est jamais trop tard pour tisser des liens solides avec ton enfant, qui vous permettront de traverser les mers calmes comme les tempêtes. Si tu as besoin d’être accompagnée sur ce chemin, je suis là 😉
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Petit bonus : j’ai beaucoup apprécié la lecture du livre d’Alexandra Reynaud , disponible aux Editions Eyrolles – “L’Enfant atypique. Hyperactif, haut potentiel, Dys, Asperger… faire de sa différence une force”
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