Sélectionner une page

Vous avez dit limites éducatives ?

par | Juil 25, 2022 | Le Blog | 0 commentaires

Il y a quelques jours, “La Maison des Maternelles” diffusait une interview d’une psychologue spécialisée pour les enfants et adolescents, afin de présenter son podcast et de parler plus particulièrement du thème des étiquettes chez l’enfant.

Psychologue, chercheuse et enseignante au sein de plusieurs établissements, elle a une fois de plus vivement critiqué l’éducation dite positive telle que véhiculée en France. Elle a également prôné la pose de limites éducatives via le recours aux “punitions non-violentes”.

limites éducatives cadre

Cet article est la suite du billet intitulé « punitions non-violentes », publié tout récemment et que tu peux retrouver juste là… https://le-metier-a-tisser.com/punitions-non-violentes/ 

Et voici le lien vers la vidéo qui m’a donné l’envie d’écrire ces deux billets, au cas où tu souhaites la visionner :  https://youtu.be/v903mXEqI7w 

 Il est maintenant temps de plonger dans les limites et titiller les bords du cadre éducatif 👇

 

Pas de cadre ni de limites dans la parentalité positive ?

 

Dans cette émission, la psychologue explique que les textes relatifs à l’éducation positive à l’international sont justes – notamment la recommandation du Conseil de l’Europe. Mais qu’en France, l’éducation positive est malheureusement “véhiculée par des gens peu scrupuleux, qui disent n’importe quoi et menottent l’autorité parentale”.

Et je peux te dire à l’écoute d’un épisode de son podcast sur le sujet de l’éducation positive que le Dr Catherine Gueguen ou encore Isabelle Filliozat en prennent pour leur grade, tout comme les accompagnant-e-s en parentalité comme moi 🤯 Mais c’est un autre sujet que celui de la légitimité.

 

Allez, revenons-en aux textes et notamment à la celui cité dans l’émission, la Recommandation du Conseil de l’Europe ou Rec(2006)19. Celle-ci définit la parentalité positive comme « un comportement parental fondé sur l’intérêt supérieur de l’enfant qui vise à l’élever et à le responsabiliser, qui est non violent et lui fournit reconnaissance et assistance, en établissant un ensemble de repères favorisant son plein développement. »

Et je pense que les personnes se revendiquant de l’éducation positive, bienveillante ou respectueuse sont bien d’accord avec cette définition, elles aussi. Et plus que cela, elles l’appliquent !

Je me souviens d’ailleurs avoir lu autour de 2010 l’ouvrage de Catherine Dumonteil Kremer, qui oeuvre depuis longtemps pour une parentalité positive et bienveillante, intitulé “Poser des limites à son enfant… tout en le respectant”. 🤔

 

Lorsque l’on s’apparente à la parentalité positive, ou encore bienveillante, respectueuse ou efficace (je ne parlerai pas des nuances dans ce billet), nous sommes souvent taxé-e-s de “laxisme”.

Mais finalement, le laxisme, c’est quoi ? D’après mon ami Le Robert, ce serait une tendance excessive à la conciliation, à la tolérance.

Le site du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales définit quant à lui le laxisme comme un système moral ou religieux tendant à limiter les interdictions ou encore l’absence de contrainte et tolérance excessive.

Et bien… oui, je suis probablement un peu laxiste puisque j’ai cette tendance à la conciliation et à la tolérance qui peut paraître excessive pour beaucoup de personnes (mais encore une fois, qu’est-ce que la norme ?).

Est-ce que pour autant mes filles sont des enfants-reines ? Non, je ne crois pas. Je suis certaine en revanche qu’elles aussi, tout au long de leur vie, auront une certaine tolérance et ouverture d’esprit vis à vis de leur prochain.

Est-ce que pour autant mes filles ne me respectent pas ? Hum… parfois, oui, elles vont au-delà de ce qui est acceptable pour moi, de mes “limites”. Et je le leur dis.

Mais la plupart du temps, elles me respectent tout comme moi je les respecte. Sachant que moi aussi, j’ai commis des erreurs et j’en commets encore. Il m’arrive donc de leur manquer de respect, de les blesser. La prise de conscience est parfois difficile d’autant quand elle vient de ta fille comme un uppercut (au sens figuré hein 😅) auquel tu te n’attends pas. Mais qui pour autant doit être entendu et reconnu.

J’essaye en revanche toujours de faire du mieux que je peux et d’améliorer mes comportements. Même si ce n’est pas toujours facile.

 

punition non violente

Je pose donc bien ce que j’appelle des limites éducatives, qui constituent un cadre de référence pour mes filles, même si, comme tu vas le voir un peu plus loin, je considère que celui-ci doit être en partie mouvant. Et bien sûr évolutif.

Pour moi, ce cadre a plusieurs caractéristiques :

🌱 il y a un “socle de base” qui comprend toutes les valeurs qui ne sont pas négociables pour moi : le respect, de soi, des autres (quelque soit leur âge), de toute forme de vie, la liberté, l’égalité 

🌱 et des limites que je qualifie de « mouvantes » car elles évoluent en même temps que les besoins de chacun. Comment l’enfant peut-il s’y retrouver ? En lui disant explicitement les choses, en parlant ensemble, en négociant et ajustant aussi. “Ce soir, j’ai vraiment besoin de calme. Pas d’écran après telle heure le soir vu des difficultés à t’endormir. …”. Ces limites s’adaptent non seulement à mes besoins mais aussi aux besoins de mes enfants, qui évoluent eux aussi.

Selon moi, c’est à chacun de définir ce cadre et les limites qui vont avec. Ce n’est pas à la société de nous dicter ce que doit être ce cadre. Ni à l’appliquer à tous sans prise en compte de l’individualité de chaque enfant, de chaque personne.

C’est ma vision des choses. Ma vision de la parentalité – et plus largement ma vision de l’humanité, qui ne doit pas être réduite à une norme et des cases.

Que celles et ceux qui souhaitent appliquer un cadre plus rigide et systématique le fasse, cela les regarde. Mais qu’ils viennent critiquer ce que moi je fais, à coups d’arguments scientifiques datant du siècle dernier, je ne suis pas d’accord avec cela.

Les connaissances actuelles en matière de développement de l’enfant mais aussi en matière de violence éducative nous permettent de porter un autre regard sur l’éducation de nos enfants. Merci aux neuroscientifiques et aux historiens pour ce travail qui se poursuit encore et toujours. Merci à celles et ceux qui ont choisi d’emprunter la voie de la non-violence depuis 10, 20, 50 ou 60 ans. Je pense notamment à Ghandi ou encore à Martin Luther-King, qui ont ouvert la voie. Mais à beaucoup d’autres aussi.

Toute transformation de la société a commencé par un mouvement impulsé par quelques uns, avant de prendre de l’ampleur et de devenir la norme ou plutôt l’évidence. Un mouvement qui a d’ailleurs été souvent réprimé et critiqué. Preuve que l’on doit être sur la bonne voie 😜

C’est ce que j’espère pour la relation adulte-enfant. C’est le travail de notre génération et de la suivante. Cela ne te dit pas d’en faire partie ?

Allez, j’en viens à la conclusion de ce billet en deux temps.

Et pour cela, je te passe mes remarques sur la fin de l’extrait des Maternelles dans lequel la psychologue en question critique la notion même de HPI.

Dans son ouvrage “File dans ta chambre” à destination des parents, elle évoque d’ailleurs “de nouvelles maladies imaginaires telles que le « HPI » (Haut Potentiel Intellectuel) ou l’« hypersensibilité », mais aussi les abus de TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec/sans Hyperactivité) et de TSA (Trouble du Spectre de l’Autisme)”.

Cela fera peut-être l’objet d’un prochain billet, qui sait ?

Je reviens sur les punitions et les menaces. Mais où est passée la loi du 10 juillet 2019 interdisant les violences éducatives (physiques et psychologiques)  dans le cadre de l’exercice de l’autorité parentale ?

Il est plus que temps que les pouvoirs publics s’engagent un peu plus en faveur de l’accompagnement des parents pour sortir de cette voie. L’accompagnement des professionnels de santé également et plus largement de tous les adultes.

Mais pour cela il faut une véritable volonté politique. Et il aurait fallu que la loi de 2019 ne se cantonne pas à l’autorité parentale mais interdise purement et simplement toute violence contre les enfants, à tous les étages de la société. Comme cela a été le cas dans le pays qui a décidé d’interdire toute forme de violence envers les enfants il y a plus de 40 ans de cela et qui devrait nous servir de modèle : la Suède 🇸🇪

I have a dream…

Prends soin de toi <3

Et partage en commentaire ton ressenti, ton expérience, ta vision des limites éducatives !

 

 

 

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *